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Du shopping durable en toute décontraction ? Découvrez Harvest Club !

Quand vous achetez quelque chose à un prix extrêmement bas, c’est toujours au détriment de quelqu’un quelque part.

Bienvenue chez Harvest Club, dans le centre de Louvain. Dans son sympathique concept store, Stefanie Vereecken vous propose une large gamme de vêtements, d’articles de déco, d’accessoires et de produits de soin. Le tout acheté auprès de fournisseurs de cœur, à l’instar de Stefanie elle-même.

Chouette ambiance

Le magasin de Stefanie Vereecken est installé dans un immeuble de charme, qui met pleinement en valeur le vieux plancher et les étagères faites maison. Chez Harvest Club, pas de design épuré.

« Je veux que mes clients viennent avec plaisir et se sentent suffisamment à l’aise pour prendre les vêtements et les objets entre leurs mains et poser des questions… Si le magasin porte le nom de « club », c’est bien parce qu’il se veut un lieu de rencontre et d’échange ; voilà pourquoi nous organisons aussi des événements avec nos designers ainsi que des ateliers de notre marque de produits de soins Cîme. Parfois, l’on se croirait même dans un café », ajoute Stefanie, le sourire aux lèvres.

Constraste hallucinant

Depuis deux ans, cet espace de rencontre a pris ses quartiers sur la place Mathieu de Layens à Louvain. « Cela faisait deux ans que je tâtais le marché en m’installant dans des magasins éphémères. Le marché semblait tout à fait prêt pour le concept, mais j’ai avancé avec prudence. Ayant été gravement malade, je ne savais pas si je pourrais tenir le rythme… Mais dès que je m’en suis sentie capable, je me suis complètement investie dans Harvest Club. »

Et Stefanie de préciser que ses problèmes de santé ont été l’une des raisons d’ouvrir sa boutique, une autre étant son expérience d’archéologue en Égypte.

« J’ai travaillé pendant quinze ans sur des sites archéologiques en Égypte centrale. La plupart des habitants et habitantes de cette région n’ont pratiquement pas d’eau potable et leur alimentation est très peu variée. De retour en Belgique, j’ai été abasourdie de découvrir des tas sortes de yaourts au supermarché. Je ne cessais de me répéter que c’était totalement absurde et que ce contraste n’avait pas de sens.

À 27 ans, j’ai eu un cancer du sein, puis une leucémie aiguë. Mon système immunitaire affaibli m’ayant empêchée de continuer à travailler sur les sites archéologiques, j’ai décidé de me mettre à mon propre compte. Harvest Club coulait dès lors de source : en raison de ma maladie, cela faisait en effet des années déjà que je faisais attention à ce que j’achetais : de la nourriture saine, mais aussi d’autres produits ayant un impact minimal sur l’environnement. Ma passion pour la mode m’a aussi incitée à élargir mon assortiment de produits aux vêtements, dans le respect des mêmes principes. »

Stimuler et informer

Pour ce qui concerne la mode équitable à Louvain, vous êtes à la bonne adresse en entrant chez Harvest Club. L’offre y est pourtant beaucoup plus diversifiée : plantes, maquillage, déco, thé, vaisselle, rangement… Quels sont les critères qui guident Stefanie dans ses choix ?

« Les gens sont avant tout stimulés par ce qu’ils voient et ce qu’ils ressentent. À elle seule, une histoire éthique ne convaincra pas beaucoup de monde. Je pars de ce qui me motive personnellement. Par exemple : lorsque le style terrazzo (céramique mouchetée, NDLR) est revenu à la mode, je me suis mise au défi d’en trouver une production écologique et équitable. C’est ainsi que j’ai découvert Kinta, une entreprise qui produit des objets de décoration intérieure durables. »

Les articles tendance mis en valeur dans l’étalage de la boutique de Stefanie persuadent de plus en plus de personnes de franchir le pas vers la durabilité. « Le côté ‘hype’ de la marque de baskets Veja, par exemple, attire de nouveaux clients qui, parfois, découvrent avec étonnement qu’il existe en fait une très vaste gamme de produits durables. Si vous leur expliquez ensuite l’histoire qui se cache derrière les produits, cela les aide à se reconnecter à la provenance de ceux-ci. Beaucoup semblent en effet avoir oublié que derrière chaque objet, il y a une personne, une histoire. »

Que de plus en plus de marques durables adoptent une communication forte, Stefanie s’en réjouit : « Les marques deviennent de plus en plus transparentes. À travers des photos, des vidéos et des histoires vraies, elles dévoilent en détail le travail réalisé en coulisses. Le label Thinking Mu en est un excellent exemple. »

Focus sur l’équitable et l’écologique

Une production équitable est le principal critère à respecter pour rentrer dans l’offre de Harvest Club. Ainsi, Stefanie exige de ses entreprises fournisseuses non européennes qu’elles disposent d’un certificat Fairtrade ou Fair Wear.

Quant aux marques européennes, telles que Helder (Belgique) ou Frisur (Allemagne), Stefanie en assure elle-même un suivi rigoureux. « En tant qu’ancienne scientifique, la recherche ne me rebute pas, bien au contraire. Par contre, il faut beaucoup de temps pour comprendre comment une marque gère tout cela. Dans l’intermédiaire, la plateforme en ligne COSH! nous décharge d’une partie de ce travail, en procédant à un screening indépendant des marques qui se disent durables. »

Stefanie propose également sa propre marque de bijoux baptisée Mumkin. « De ma deuxième patrie, l’Égypte, j’importe des bijoux en cuivre. Dans ce cadre, je collabore avec une amie belge sur place, avec des artisans locaux et avec Fairtrade Egypt. Nous avons lancé une première collection début 2020. Le coronavirus a quelque peu plombé ce lancement, mais il est hors de question de nous laisser déstabiliser ! »

En dehors du commerce équitable, Harvest Club mise aussi pleinement sur l’écologie. « À cet égard, je ne vois pas les choses en noir et blanc, mais je fais des choix très conscients sur ce que j’achète ou pas. La recherche sur ce qui est pour l’heure le plus durable ne jette pas encore toute la clarté nécessaire. De plus, je sais combien il est difficile pour les nouvelles marques de tout faire correctement d’entrée de jeu. Or, je veux justement leur donner une chance de prendre leur envol. »

“Je ne trace pas de ligne noire et blanche à ce sujet, mais je fais des choix très conscients sur ce que je fais et ce que je n’achète pas. La recherche de ce qui est le plus durable aujourd’hui n’est pas encore assez claire. De plus, je sais combien il est difficile pour les marques de départ de tout faire correctement du premier coup. Et je veux leur donner une chance de décoller”.

La vérité sur les soldes

En tant que boutique indépendante qui vient de se lancer, Harvest Club doit se faire une place dans le paysage commercial louvaniste. Stefanie est prodigieusement exaspérée par les loyers absurdes et les tracasseries administratives auxquelles elle a été confrontée. Surtout en ces temps incertains que nous vivons actuellement, elle a besoin de toute son énergie pour faire son « vrai » travail. Mais par-dessus tout, elle abhorre les soldes et les campagnes de battage médiatique de type « saisissez votre chance », à l’instar du Black Friday.

« Il est grand temps que le gouvernement fasse le ménage ! » insiste-t-elle. « C’est un jeu aux règles taillées sur mesure pour les grandes entreprises de mode. Sous leur pression, les magasins indépendants sont obligés d’accorder des rabais substantiels en début de saison. Il ne faut donc pas s’étonner que l’offre dans les principales rues commerçantes du pays soit devenue si uniforme. »

Stefanie Vereecken a récemment fait réaliser une étude de marché auprès de 650 consommateurs. « Nous avons constaté que les gens ne sont que rarement satisfaits des « bonnes affaires » faites pendant les soldes et qu’ils se rendent compte que les articles bon marché ne sont souvent que de la camelote. Ils sont donc apparemment conscients de ce paradoxe. Mais alors, pourquoi continuent-ils à y prendre part ? Peut-être pour ne pas voir la vérité en face, mais celle-ci ne change pas pour autant : quand vous achetez quelque chose à un prix extrêmement bas, c’est toujours au détriment de quelqu’un quelque part. »

Stefanie ne craint pas la confrontation pour secouer les gens. « Mon mari et moi avons adopté deux enfants en Inde. J’y fais parfois référence lorsque quelqu’un se pavane avec un nouveau pull à cinq euros : « il a probablement été fabriqué en Inde par un enfant comme notre cadet », dit-elle en ricanant

Un tournant dans l’univers de la mode

Remplie d’espoir, Stefanie Vereecken est dans le même temps réaliste : « Je pense que le commerce durable va gagner énormément en importance dans les années à venir. Nous devrons tenir compte du fait que les grands distributeurs feront de l’écoblanchiment ! »

Un contre-mouvement s’est mis en marche, se réjouit Stefanie. Par comparaison à il y a quelques années, davantage de jeunes, qui épargnent consciemment pour acheter des jeans durables ou des baskets éthiques, visitent sa boutique. En amont également, les mentalités changent. Au printemps de cette année, le créateur Dries van Noten ainsi que toute une série d’autres grands noms de la mode ont publié une lettre ouverte à l’industrie de la mode, dans laquelle ils appellent à mettre à profit la crise du coronavirus pour procéder à des changements fondamentaux dans le secteur. »

« Le chemin à parcourir est encore long et le changement ne viendra pas de la politique, j’en ai bien peur. Mais j’ai confiance, parce que de plus en plus de consommateurs et d’entrepreneurs ressentent le besoin de changement. Power to the people ! »

Propos recueillis par Griet Rebry

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Fashion Revolution

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