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COOPAKE: mangues, sésame, noix de cajou et hibiscus du Burkina Faso

Fondée en 1963, la COOPAKE, l’une des plus anciennes coopératives du Burkina Faso, est née de la volonté de neuf petits producteurs de mangues de l’ouest du pays de parvenir à mieux vendre leurs récoltes.

Elle n’a toutefois pris son véritable envol que dans les années 90, lorsqu’elle a commencé à utiliser des fours pour sécher les mangues. Cette transformation des fruits a permis la création d’emplois pour des dizaines de femmes, mais aussi d’exporter vers l’Europe.

La coopérative a entretemps élargi ses activités et commercialise également des graines de sésame, des noix de cajou et des fleurs d’hibiscus (le jus produit à partir de ces fleurs est connu sous le nom de bissap en Afrique de l’Ouest). Des dizaines de nouveaux membres ont dès lors rejoint les 160 premiers adhérents à la coopérative, dont bon nombre de femmes (pour la cueillette des fleurs d’hibiscus essentiellement).

Une aide de la Belgique

En 2015, le TDC a décidé d’accorder un soutien financier de deux ans à la coopérative. Son projet avait pour but de moderniser l’unité de transformation et d’aider la coopérative à conscientiser ses membres, ainsi que la région tout entière, aux enjeux environnementaux.

Face aux exigences toujours plus grandes du marché, en particulier de l’industrie alimentaire concernant la qualité et l’hygiène, une refonte des infrastructures s’avérait nécessaire. Tant le hangar de stockage et les locaux d’épluchage des mangues que les treize séchoirs et le local de conditionnement ont été modernisés avec le budget mis à disposition par le TDC. Cela ne suffit toutefois pas à donner une nouvelle impulsion à la coopérative. Ces dernières décennies, la région a en effet enregistré une forte croissance des activités agricoles, principalement dans les secteurs du coton, des fruits et de l’élevage, qui a conduit à des problèmes écologiques, des « pratiques culturales néfastes » telles que le brûlage des champs ou la déforestation systématique en vue d’étendre la superficie cultivable ; le tout amplifié par les changements climatiques. Le second volet du projet comprenait donc des formations en business management, mais aussi sur les « bonnes pratiques » d’agriculture biologique. Une étude d’impact environnemental (une nouvelle obligation imposée par le gouvernement burkinabé), a été financée et, pour sensibiliser un large public, un partenariat a été noué avec une radio locale. 

Grâce à l’appui du TDC, la coopérative a pu conserver ses certifications bio et Fairtade.

Diversification

Cela signifie-t-il que tous les problèmes auxquels la coopérative était confrontée sont pour autant résolus ? Malheureusement, non. Le déficit pluviométrique enregistré en 2016 et en 2017 s’est soldé par une maigre récolte de mangues. À cela s’ajoute un problème de rentabilité, le prix des mangues fraîches – et donc le prix payé par la coopérative à ses membres – augmentant, a contrario du prix de vente des mangues séchées. Par ailleurs, la croissance espérée du chiffre d’affaires n’a pas été au rendez-vous, loin de là.

Heureusement, la coopérative avait déjà à cœur de diversifier ses activités. Si les bananes séchées faisaient partie des options, les ventes ne décollent cependant pas. Le sésame et les noix de cajou, par contre, sont deux cultures répandues dans toute la ceinture sahélienne, les champs de sésame et les anacardiers (les arbres à noix de cajou) se complétant bien. Depuis début 2017, la COOPAKE dispose d’une petite unité de transformation pour griller et conditionner les noix de cajou. Elle s’est aussi tournée vers les fleurs d’hibiscus, traditionnellement transformées en jus (bissap) ou en thé dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Marketing et gestion financière

Pour accompagner cette diversification, la COOPAKE s’est portée candidate au programme de marketing du TDC. Entre 2016 et début 2018, un coach s’est rendu à quatre reprises au Burkina Faso pour organiser un brainstorming et travailler avec les responsables de la coopérative. Un trajet de coaching en gestion financière s’est déroulé en parallèle.

Les sessions de coaching ont débouché sur de nombreuses réalisations :

  • Pour commencer, la réflexion a bien entendu porté sur la meilleure manière pour la coopérative de conserver sa clientèle (nationale) existante et de gagner une nouvelle clientèle (nationale et étrangère).
  • Les techniques de négociation ont été abordées lors des sessions, mais des réunions ont également été organisées avec des professionnels externes afin de produire des cartes de visite, des brochures, des étiquettes, des présentations PowerPoint, un site web et une page Facebook.
  • Les membres de la COOPAKE ont bénéficié d’une préparation à leur participation aux foires commerciales, et se sont rendus pour la première fois à la Biofach, le grand salon de l’agriculture biologique en Allemagne.
  • Des tableaux Excel ont été élaborés afin d’intégrer les différents coûts d’exploitation et de permettre un suivi efficace des chiffres de vente, ainsi que du bilan.
  • La dernière session a permis d’examiner les opportunités offertes par le marché local.

Percée

La COOPAKE a parcouru un long chemin et affichait en 2018 un bel optimisme. « Alors qu’auparavant, une soixantaine de membres à peine participaient à l’assemblée générale, nous étions 100 cette année », déclare un participant à la dernière session de coaching en marketing.

Une percée majeure a été réalisée grâce aux contacts noués avec l’organisation équitable française Ethiquable. Celle-ci ne se contente pas d’établir une relation à long terme, de soutenir pleinement la diversification de la COOPAKE et de préfinancer les commandes à concurrence de 40 %, mais elle a aussi investi dans la transformation des graines de sésame en huile par une entreprise artisanale française, commercialise un jus à base d’hibiscus (mélangé à des litchis en provenance de Madagascar) et nourrit des projets pour les noix de cajou grillées.  

Lors d’une dernière session avec le coach en marketing, les participants ont traduit en image la situation de la coopérative. Pour la période antérieure à 2015, les participants ont pensé à une pirogue : « À l’époque, nous avancions lentement, à la seule force de nos bras ». En 2018, la COOPAKE était déjà devenue un bateau : « Aujourd’hui, nous disposons d’un moteur et de plus de stabilité. Nous avançons désormais plus vite, et sans nous épuiser. »

Le projet en chiffres

Le TDC a fourni un appui financier de 48.411.35 € entre 2015 et 2017 En 2016 la COOPAKE a bénéficié dans le même temps d’un coaching en marketing ainsi que d’un coaching en gestion financière et d’entreprise. Le trajet de marketing était assorti d’une enveloppe financière de 15.000 € utilisé pour du matériel de communication.

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