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Maya Fair Trade : La coopérative monte en puissance, tout en douceur

Le nom a été choisi bien avant l’arrivée du célèbre dessin animé avec la petite abeille. Et pour cause, le miel Maya, qui fait référence à un une grande civilisation précolombienne, a été l’un des premiers produits équitables importés en tant que tel en Belgique.

L’histoire du miel Maya Fair Trade – à ne pas confondre non plus avec un autre miel qui porte quasi le même nom mais n’a rien d’équitable – remonte aux années 1970. « Au tout début, Maya, c’était une équipe de bénévoles sensibilisés par l’appel d’un prêtre missionnaire liégeois au Guatemala qui avait dix tonnes de miel à vendre», raconte Maurice Lambert, le directeur de Maya Fair Trade. Le prêtre en question travaille avec des paysans qui défrichent des terres concédées par le gouvernement guatémaltèque afin d’empêcher la construction d’un barrage mexicain et qui n’ont d’autre ressource, pour payer leur concession, que celle de vendre leur production de miel. 

Très vite, les pots de miel proposés sont vendus. Les bénévoles liégeois décident de poursuivre leur action et commandent en 1975 un premier container de vingt tonnes… qui coule avec le bateau qui le transportait. Le container ayant heureusement été assuré, les bénévoles purent en commander un second, qui arriva à bon port. En 1978, les bénévoles se structurèrent en ASBL. Maya était née.

« Le miel Maya a été le premier produit équitable importé en Belgique en tant que tel », précise Maurice Lambert. Pendant longtemps, l’ASBL mène de front l’importation et la commercialisation du miel, la sensibilisation au commerce équitable et des activités de développement pour les communautés d’apiculteurs avec lesquelles elle travaille. Ce n’est qu’il y a une quinzaine d’années qu’elle se divise afin de mieux pouvoir distinguer les activités commerciales de celles de développement. Aujourd’hui, on compte trois sociétés distinctes :

  • Miel Maya Honing, une ONG de sensibilisation, d’éducation et de développement.
  • Maya Fair Trading, une ASBL qui sera amenée à développer des activités touristiques autour de la thématique du miel et du commerce équitable.
  • Maya Fair Trade, le bras commercial et support financier du « groupe », constitué en une coopérative à finalité sociale qui importe, conditionne et vend du miel ou des produits à base de miel.

Des recettes maison

La diversification des produits Maya date du tournant du siècle. Fin des années 1990, d’autres douceurs, à base de miel évidemment, sont apparues : des bonbons, des biscuits, du pain d’épices…  Toute une nouvelle gamme de produits a ainsi vu le jour, avec l’obligation de contenir un minimum de 51 % d’ingrédients issus du commerce équitable. « Il n’y a que dans les spéculoos que le pourcentage n’est pas respecté, car on n’y arrive pas… », précise le directeur de la coopérative. Aujourd’hui, outre les produits déjà cités, Maya Fairtrade offre du nougat, de la pâte de spéculoos à tartiner, du chocolat et des confitures à 17 % de miel. « Toutes les recettes ont été développées chez nous. Puis, nous avons cherché les fabricants qui pouvaient les réaliser à façon. »

En 2000, la grande distribution commence tout doucement à s’intéresser au commerce équitable et Maya Fair Trade se voit offrir la possibilité de distribuer ses produits chez Delhaize. « Naturellement, cela a généré des discussions en interne. Fallait-il y aller ou pas ? Finalement, on s’est dit que c’était une belle opportunité de faire connaître nos produits et le commerce équitable. Depuis, il faut avouer qu’on a jamais eu de problème avec Delhaize qui a bien joué le jeu, même si le débat sur la grande distribution reste ouvert », confie Maurice Lambert, qui reconnaît à celle-ci le droit de développer ses propres produits équitables. Mais il ajoute : « Là où je ne suis plus d’accord, c’est quand la grande distribution cherche à appliquer au commerce équitable les mêmes recettes du profit maximum, en voulant diminuer le prix des produits équitables pour arriver au même prix que les autres produits. Faire du volume au détriment des producteurs, ça ne va pas ! »

Une toute nouvelle miellerie

L’année 2014 marque un autre tournant pour Maya Fair Trade. La coopérative a enfin sa propre miellerie ! Il aura fallu onze ans pour enfin voir le projet se concrétiser. « Jusqu’alors, nous étions dépendants d’autres sociétés pour le conditionnement. Nous contrôlions toute la chaîne, sauf celui-là. » Désormais, les fûts de miel arrivent et sont directement stockés dans la miellerie d’Harzé, au sud de Liège. Des cuves et une chaîne de conditionnement flambant neuves permettent de produire chaque semaine les différentes qualités de miel.

Le travail du miel s’avère beaucoup plus technique que la simplicité du produit ne le laisse supposer. « Le miel arrive en fûts, dur comme de la pierre », explique Maurice Lambert. Le temps de le récolter, de le stocker et de l’acheminer en Belgique, les cristaux de sucre se sont en effet agglomérés. « Chacun  a sa manière de faire pour le décristalliser, poursuit le directeur. Nous avons pris le parti de le chauffer le moins possible parce que c’est ça qui l’abîme. » Un miel soumis à des températures trop fortes perd en effet une grande partie de ses arômes et de ses avantages nutritionnels. Toute bonne chose sachant se faire attendre, le miel Maya est donc soumis à un réchauffement plus bas et plus long. 

Au bout du quelques heures, on obtient à nouveau un miel liquide. Pour en faire une substance plus crémeuse, la consistance généralement préférée des consommateurs, il faut l’ensemencer, c’est-à-dire introduire des cristaux afin de provoquer une nouvelle cristallisation. En fonction de la taille et de la quantité des cristaux introduits, la cristallisation – et donc la consistance – peut être contrôlée.

Maîtriser toutes les étapes de transformation

Maya Fair Trade est typiquement le type de société où le patron doit encore lui-même mettre la main à la pâte. Maurice Lambert réceptionne les nouveaux arrivages, contrôle le réchauffement et l’ensemencement, emballe les pots dans les caisses, etc. Au total, la coopérative emploie cinq personnes sur le site d’Harzé, auxquelles s’ajoute une sixième, basée en Amérique latine et chargée de la partie achat et du contrôle de qualité. 

Actuellement, le miel provient de quatre pays : le Mexique, le Guatemala, le Nicaragua et le Chili. « On essaye de soutenir les petites coopératives, sauf au Chili où justement, nous traitons avec la plus grande d’entre elles. Beaucoup de ces petites coopératives font à la fois du café et du miel. Pour l’agriculteur, le miel est un moyen relativement économique d’améliorer son quotidien, car l’apiculture ne demande pas de posséder de terres. »

Avec une capacité de production de 200 tonnes par an actuellement (dont 40 % sont destinés aux autres produits de la gamme Maya) et de 400 tonnes à l’horizon 2025, les nouvelles installations d’Harzé sont devenues un argument commercial. « On sent déjà l’effet ‘miellerie’ : de nouveaux marchés se sont déjà ouverts, s’enorgueillit Maurice Lambert. Il faut dire que c’est unique en Europe, une entreprise 100 % équitable, qui maîtrise toutes les étapes, avec un grand contrôle sur l’origine. » De plus, le marché du miel est très spécifique. L’Europe doit acheter plus de 50 % de sa consommation, il y a eu énormément de cas de fraude sur les origines et les importateurs de miel équitable se comptent sur les doigts d’une main. Maya Fair Trade exporte d’ailleurs la moitié de la production vers d’autres pays européens. Récemment, la coopérative a lancé une autre spécialité latino-américaine, et plus précisément mexicaine : le sirop d’agave. Cet édulcorant tiré du suc d’un cactus possède un indice glycémique deux fois moindre que le miel (trois fois moins que le sucre). Et encore un produit équitable, caramba !

Maya Fair Trade
© Maya Fair Trade
 

 

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